Le Faux dit de Chalon

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Suite à une enquête de l’administration en octobre novembre 1886, on pu rapidement localiser l’origine de timbres faux servant à tromper la Poste dans la région de Saint Etienne. Les sœurs Rouet (épouses Mugnier et Derlin), dont le signalement a été donné par les débiteurs de tabac abusés, sont arrêtées le 10 novembre en possession de 2984 timbres contrefaits ainsi que d’une forte somme d’argent. Très vite, les noms des faussaires sont connus et les perquisitions lancées : Conry, l’auteur des dessins, Rollet, l’imprimeur lithographe et Mugnier qui perforait et apposait la gomme, seront condamnés avec les sœurs Rouet le 14 décembre 1886 à des peines allant de 6 mois à 4 ans assortis d’amendes comprises entre 100 francs et 2.000 francs.

Conry travaillait à Paris comme ouvrier lithographe quand il réalisa son premier faux du 15 centimes Sage grâce au matériel à sa disposition : il exécutait alors tout à fait officiellement des chromolithographies de reproductions de timbres de tous pays. Ce premier essai de faux pour tromper la Poste ne sera pas entièrement concluant (nous l’appelons aujourd’hui faux de Chalon au type I) et présentent de nombreux défauts majeurs ne permettant pas sa mise sur le marché en masse, même s’il est avéré qu’il fut « commercialisé » dans la région Stéphanoise. Il est cependant plus rare que le type II et semble inconnu sur lettre à ce jour.

Conry part s’installer à Saint Etienne où il noue des contacts pour mener à bien son projet. Rollet, qui lui imprime une revue lui servant de couverture, et Mugnier qui se charge de perforer et gommer s’associent à Conry pour créer le type II. Mieux abouti que le précédent grâce à certaines retouches, la commercialisation de ce faux sera pourtant vite stoppée par l’administration, qui prend connaissance de ces activités assez rapidement.

Comment reconnaître ces timbres ?

Type I

Lithographie – Imprimé en feuille de 66 timbres – Dentelure 13 linéaire

Format du timbre légèrement supérieur, bien que le dessin soit à l’échelle

Dentelure

E de « Poste » avec barre médiane trop courte

Mappemonde très approximative

Tâche et non ombres sous le cou et épaules de la déesse

Dessin du 1 de la valeur « 15 » mal rendu

Rameau de la déesse très grossier

Signatures illisibles

Cette liste n’est pas exhaustive car de nombreux points diffèrent de l’original. Notons que ce faux est très reconnaissable par un collectionneur averti.

Type II

Lithographie – Imprimé en feuille de 150 timbres – dentelure 13 linéaire

Nombreux points communs avec le type I malgré quelques retouches et améliorations comme le format, centrage, le « E » de Poste…

Le type II n’est pas vraiment plus dangereux que le type I et un examen à la loupe permet de le déceler rapidement.

Signalons qu’il n’existerait qu’une variété par feuille de 150 exemplaires due à un cliché différent sur le type II: une feuille du rameau de la déesse déborde du cadre intérieur de gauche.

Peu de non dentelé circulent sur le marché bien que 100 feuilles non perforées aient été saisies chez Mugnier lors de la perquisition et qu’aucune certitude n’existe quand à la destruction du matériel saisi et ce chez aucun des trois complices.

Les lettres affranchies avec le faux de Chalon sont rares. La majorité de celle-ci sont taxées par la Poste et comporte un procès verbal.

Les autres, dont le faux a été accepté et donc oblitéré sans taxe, sont presque introuvables, ce qui semble démonter que l’administration a su très vite réagir dans cette affaire de Chalon.

De nombreux collectionneurs sont très intéressés par ces faux pour tromper la Poste qui reproduisent toujours des timbres d’usage courant. Le type I sur lettre mériterait d’être signalé ainsi que les lettres non taxées par les services de la Poste.

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